Tunisie en camping-car, mai juin 2009

 Tunisie en camping-car, mai juin 2009

Si vous êtes pressé, voici la totalité du récit sans illustrations (1/2)

Récit de voyage en Tunisie – mai-juin 2009

6-7 mai 09

Traversée Gênes-Tunis le mercredi 7 mai. (nettement moins chère que Marseille-Tunis). Départ vers 18h15. Traversée sur une mer d'huile et arrivée à quai le jeudi vers 16h15. Le passage de la douane ne prend guère plus d'une demi-heure bien qu'il faille deviner à qui s'adresser et à quels guichets se présenter. Deux questions de la part du fonctionnaire chargé de contrôler le véhicule : pas de chien, pas d'armes ?

Il faut ensuite faire tamponner les fiches d'entrée du véhicule et des passagers à deux guichets, dans le bon ordre, celui-ci n'étant évidemment indiqué nulle part.

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A 17 heures nous sommes dans les rues de La Goulette et décidons de nous diriger vers le Cap Bon. Une belle route contourne Tunis et débouche au sud d'où on peut se diriger vers Sousse par l'autoroute ou par la nationale. Nous choisissons cette dernière bien qu'elle nous fasse traverser de nombreuses agglomérations à la vitesse maximale de 50 km/h. Nous renouons avec la vie grouillante et multiforme des piétons, cyclistes, charrettes qui se partagent tant bien que mal la chaussée. Un plein de carburant nous réserve une bonne surprise : le gazole à 1,100 dinar, à peu près 65 centimes d'euros le diesel 50 (qualité supérieure) ou 0,920 D le normal.

Nous décidons de passer la nuit à Nabeul au camping de l'hôtel « Le jasmin » recommandé par le Routard. Les soucis commencent : embouteillages en ville, difficulté à se renseigner sur la route à suivre, plusieurs demi-tours peu académiques, nous finissons par tourner auprès de l'hôtel sans le trouver. Une énième demande de renseignements, nous sommes à deux cents mètres du camping dont l'entrée est plus que discrète, comme le panneau de l'hôtel.

Le camping est petit, tout arboré, peu accessible aux camping-cars. Il y en a déjà trois dont deux français et pour entrer dans la place indiquée, il faut se glisser entre les arbustes en touchant des branchettes qui éraflent superficiellement la carrosserie.

A 20 heures, je déguste enfin une bière à l'ombre des orangers et oliviers : détente bien méritée.

Vers 21 heures nous allons manger au restaurant du camping, brick en entrée, mixed grill très copieux et fraises succulentes, le tout arrosé d'un bon château Mornag rosé. Addition à environ 25 euros.

Nous réservons pour le lendemain soir un couscous-agneau pour deux.

La nuit sera très calme longue et reposante pour nous. Nos voisins motards sous tente sont très discrets et ont le bon goût de ne partir que vers 11 heures.

Billet d'humeur

Passer la douane d'un pays maghrébin est une épopée dont les perdants peuvent sacrifier plusieurs heures. A la sortie du bateau, il vaut mieux être dans les premiers pour éviter la mauvaise humeur croissante du personnel bureaucratique qui détient un absolu pouvoir sur les arrivants. Une signature ou un tampon manquant peut vous coûter une heure d'attente. Vous roulez donc dans la zone portuaire où vous guident quelques employés aux gestes approximatifs jusqu'à arriver dans une des multiples files d'attente.

Aussitôt se présente une bonne âme de « facilitateur » plus ou moins complice des douaniers qui vous propose de prendre vos papiers, passeport, fiches de police… afin que vous passiez devant les autres moyennant un pourboire élevé avant marchandage. Nous décidons de nous arranger seuls, mais à nos risques et périls car nous ignorons forcément le mode d'emploi. Avec un peu de chance un policier se présente, contrôle vos passeports, vos fiches de police et vous donne son agrément, puis vous fait signe d'avancer quelques mètres, juste derrière le véhicule qui vous précède. Puis personne ne s'adresse à vous. Vous observez des voyageurs, supposés plus aguerris que vous, se dirigeant au hasard vers des guichets qui paraissent semblables et qui portent l'inscription « Douane »

Vous vous avancez vers l'un d'eux où il vous semble que la file d'attente est la moins longue et lorsque vous faites enfin face au fonctionnaire derrière sa vitre, celui-ci vous fait comprendre d'un vague geste de la tête et du doigt qu'il faut d'abord se présenter à un autre guichet en tous points semblable au sien. Vous vous rendez sagement derrière la nouvelle file et lorsque vient votre tour et que vous êtes dans un mauvais jour, le fonctionnaire harassé grommelle quelques mots d'arabe et referme le guichet sans que vous ne sachiez s'il a fini sa journée ou s'en va boire un café. Tous ceux qui vous succédaient se ruent alors vers un troisième guichet et le temps de comprendre, vous avez déjà perdu quelques places. Vous restez patient et lorsque vient votre tour, vous présentez vos papiers, sûr d'avoir acquis au moins un tampon. Eh bien, non ! Le douanier patibulaire regarde le dos d'une de vos fiches, vous la rend brutalement et vous lance :

- « Vous n'avez pas fait contrôler le contenu de votre véhicule !

- Ah bon ? Et à qui dois-je m'adresser ?

- A un collègue, là-bas » fait-il en désignant d'un geste du menton les files de voitures.

Avec un brin de chance, vous trouvez un fonctionnaire qui déambule sans occupation apparente et vous lui demandez s'il peut contrôler votre véhicule. S'il ne vous renvoie pas vers un autre collègue, vous l'accompagnez jusqu'à votre camping car dont il vous demande d'ouvrir la porte latérale. Il jette un vague coup d'œil à l'intérieur et demande : « pas de chien, pas d'arme ? » Alors il remplit le dos de la fameuse fiche de grands signes dont vous ne déchiffrez que la date et appose sa signature.

Il ne vous reste alors qu'à suivre le parcours inverse : premier guichet où enfin, après avoir vérifié vos passeports, tapé on ne sait quoi sur son ordinateur, il vous gratifie de vos premiers tampons officiels. De peur de ne pas avoir tout compris, vous demandez s'il faut bien retourner au guichet où vous vous étiez d'abord rendu. Un léger grommellement et un signe de tête mi-approbateur mi agacé vous paraît exprimer un acquiescement.

Dans la nouvelle file qui s'est allongée depuis votre premier passage, vous pensez affronter le dernier obstacle. Vous assistez à un violent échange de propos entre le fonctionnaire dans sa guérite et un autre douanier venu demander un quelconque passe-droit. Le ton monte, les gestes s'amplifient et enfin un tampon rageur s'abat sur la pièce qui nécessitait un traitement de faveur. Le douanier assis, passablement énervé, vérifie à nouveau passeports tamponnés et carte d'entrée du véhicule, retamponne copieusement et nonchalamment puis vous demande d'attendre sur le côté. Bientôt une imprimante crépite et vous vous retrouvez avec une autorisation de circuler en bonne et due forme.

Il ne reste qu'à sortir de cette zone en dépassant difficilement quelques véhicules qui vous précèdent et dont les propriétaires ont sûrement été moins chanceux ou rapides que vous.

Avant de sortir de la zone portuaire, il faut encore présenter ses papiers à un dernier policier puis à un douanier qui, si vous n'avez commis aucune erreur, vous ouvrent le passage étroit de la dernière grille. Ouf ! Vous êtes sortis du port.

N.B : Cette somme d'embarras réels résulte de plusieurs passages en douane et ne se sont jamais produits TOUS ensemble. Mais on mesure ainsi l'exploit qui consiste à s'en sortir en une demi-heure.

Vendredi 8 mai Camping de Nabeul

Nous nous reposons le matin et une partie de l'après-midi puis nous allons au centre-ville en taxi (1 Dt à l'aller 2 Dt au retour car nous sommes seuls).

La ville est devenue une immense vitrine de poteries dont on n'est pas sûr qu'elles soient fabriquées sur place. Au souk central, piège à touristes, nous sommes sans arrêt sollicités par des commerçants ou rabatteurs qui prétendent nous emmener en un lieu où on célèbre une supposée fête de la laine et nous conduisent en fait chez un simple marchand de tapis. Malgré la déception, j'achète une paire de babouches -en cuir de chameau- (sic) proposées 80 Dt et obtenues à 15 Dt après marchandage. Nous nous connectons dans un publinet pour consulter nos messages et envoyer notre premier récit. (2 Dt l'heure)

Nous rentrons au camping dans la soirée et mangeons un excellent couscous assez pimenté auquel nous n'ajouterons pas une goutte de sauce diabolique.

Samedi 9 mai Kairouan.

Un tronçon d'autoroute gratuit puis une belle route nous mène à Kairouan en début d'après-midi. Nous reconnaissons difficilement la ville où nous avons travaillé de 1968 à 1972. De 50 000 habitants alors, la population se chiffre aujourd'hui aux environs de 120 000. Nous faisons en ccar un grand tour des remparts où je me repère bien mais dès qu'on emprunte les avenues et rues de la ville moderne, c'est la découverte ! Heureusement nous voici au rond point de la poste et de la rue qui mène au lycée. Nous prenons une nouvelle fois la rue de Tunis et presque par hasard, reconnaissons sur la gauche la maison que nous avons habitée en 71-72. A une centaine de mètres c'est l'école où Sylvie a fait ses premiers apprentissages. Je photographie l'inscription en arabe qui surmonte la porte d'entrée. Nous saluons un Tunisien qui en sort et engageons la conversation. Lorsqu'il apprend que notre fille a fréquenté cette école et que nous étions enseignants, il nous invite à entrer et nous conduit vers le bureau du directeur qui nous accueille chaleureusement. J'apprends qu'il a été élève du lycée El Mansourah quand j'y enseignais en particulier aux normaliens de première et terminale mais il ne se souvient pas des nombreux Français qu'il a eus comme professeurs et que nous connaissions forcément. Lorsque je lui parle de Chabane, l'imposant prof d'EPS, il réagit vigoureusement en se souvenant du « salaud » qu'il était, menaçant les élèves en ces termes (il dit le citer mot à mot). « Attention, je frappe d'abord et je discute après ». Il n'a pas une meilleure opinion de l'inspecteur primaire Ximénès qui n'a pas été tendre avec lui.

Nous le quittons pour rejoindre notre ccar garé devant notre ancien domicile dont la façade n'a pas changé et qui semble habitée. Je me hasarde à frapper et salue l'homme venu m'ouvrir en lui disant que nous avions habité sa maison il y a près de 40 ans. Il nous invite alors à entrer la visiter et nous montre les agrandissements qui ont été construits. Effectivement, le jardin s'est transformé en patio avec un citronnier au milieu, une cuisine et une pièce « de réception » occupent les côtés invisibles de la rue et la partie droite du patio est surmontée d'un étage où nous sommes conviés à passer la nuit. Nous déclinons l'offre en précisant que nous avons un lit dans le ccar. On nous a déjà offert un excellent jus de fraises et nous discutons surtout avec celui qui se révèle être le fils du propriétaire et qui nous présente son père (70 ans, instit en retraite, allure sportive), sa mère elle aussi d'allure jeune, et sa sœur dont le mari travaille en Italie. Nous croyons que tous habitent ensemble mais chaque couple a sa propre maison à Kairouan et les enfants viennent voir leurs parents chaque jour. La mère se dit retraitée comme son mari, c'est-à-dire qu'elle ne fait plus ni cuisine ni ménage. Elle se contente de conseiller, mais sa fille est très bonne cuisinière et ils ont une femme de ménage.

Nous discutons longuement des Kairouannais que nous connaissons et qu'à l'évidence ils connaissent aussi, nous palabrons de la ville et de son évolution. Enfin lorsque nous manifestons le désir d'aller voir le bassin des Aglabites puis de flâner dans les souks, le fils, Haouan, nous rappelle que les bassins ainsi que la mosquée de Barbier sont tout proches ; il nous conseille d'y aller à pied et de laisser le ccar devant la maison pour y dormir en toute tranquillité. En retour, après lui avoir discrètement demandé s'il buvait de l'alcool, je l'invite à venir prendre l'apéritif « chez nous » en soirée, vers 19h30.

L'immense réservoir d'eau qu'est le bassin des Aglabites a été restauré, il contient près d'un mètre d'eau, mais ses légendaires grenouilles géantes ont disparu.

Nous allons en taxi à Bab Djelladin (porte des martyrs) et marchons dans les souks qui n'ont pas beaucoup changé, si ce n'est la rue principale de Bab Djelladin à Bab Tunis où les magasins touristiques se sont multipliés. Le dédale des petits souks aux tissus, à la laine, aux tapis,

au cuivre… ont gardé leur authenticité et nulle part nous ne sommes sollicités exagérément. C'est très agréable de s'y promener. Nous faisons volontairement l'impasse sur « Bir Barouta », attraction touristique où un misérable chameau a été amené dans une pièce d'où, en grandissant il ne pourra plus jamais sortir vivant. Il tourne inlassablement autour du puits et actionne une noria puisant une eau que la légende prétend communiquer avec La Mecque. Si vous en buvez, il paraît que vous reviendrez à Kairouan, et avec notre ami Mohammed, nous avions sacrifié à la tradition, à l'époque où nous étions plutôt bien immunisés.

Revenus au ccar, nous attendons Haouan pendant une bonne heure, ne sachant pas encore qu'exceptionnellement cette année, il y a une heure de décalage avec l'heure française. Il arrive au volant de sa Mercedes et vient s'asseoir face à la table où nous avons préparé Whisky et Martini. A notre demande insistante, il avoue ne pas aimer les boissons fortes et préférer la bière.

La discussion est facile et agréable. A la première bière, nous sommes ses amis, à la deuxième, je suis son frère et je peux lui demander tout ce que je veux. Bientôt arrivent, probablement informés de la présence de Français, la tante de Haouan, soeur de sa mère, ainsi que sa fille et son gendre tous deux infirmiers à l'hôpital. L'attroupement discute tranquillement entre la maison et le ccar. Gaby voyant la curiosité des femmes, les invite à visiter le ccar. Elles ne se font pas prier et toutes regardent par la porte, la mère et la tante montent à bord et s'émerveillent de voir tant de commodités en si peu d'espace. Je ne sais qui le suggère, mais on passe à la photo de famille avec Gaby d'abord puis avec moi tenant par l'épaule mon « frère ».

Dimanche 10 mai. Kairouan, Sbeitla, Gafsa.

La nuit sera très calme, sans aucun dérangement. Dans la matinée, nous retournons au souk pour acheter une natte durement marchandée pour un mince rabais de 2 Dt.

Peu avant midi, nous prenons la route vers Sbeitla où nous déjeunons à l'ombre sur un trottoir puis allons visiter les ruines romaines et byzantines dont les fouilles ont révélé de nombreuses villas et des monuments dont on n'apercevait que quelques pierres auparavant. Nous nous y promenons jusqu'à la fermeture du site dont nous achevons la visite par le théâtre qui a été entièrement refait (en béton !) et où on donne maintenant des spectacles.

Comme il n'est pas encore tard et que la température est devenue plus agréable, nous décidons d'aller passer la nuit à Gafsa. Le camping, assez facile à localiser se trouve à gauche de la route de Tozeur à la sortie de la ville d'où il est bien flêché.

Nous sommes seuls sur un terrain arboré de palmiers et de fruitiers dont des abricotiers chargés de fruits presque mûrs. J'irai en cueillir demain. Pour l'instant, il fait presque nuit et nous allons voir ce que propose le restaurant où sont attablés de nombreux Gafsiens. Nous ne sommes pas très bien reçus, le garçon nous disant de nous attabler avant de voir le menu. Le patron daigne enfin de nous donner la carte et nous choisissons deux bricks et deux cailles grillées accompagnées de salades de frites et d'une sauce très très piquante. Comme nous avons l'habitude de le faire au Maroc, nous demandons si nous pouvons apporter discrètement notre bouteille de vin. Le patron nous conseille de retourner au camping où nous serons servis. L'attente se fait longue. Plus d'une demi-heure après je retourne au comptoir du restaurant où on me dit que c'est en préparation. Gaby pressent qu'ils vont nous apporter tout en même temps et que nous mangerons froid. Je la trouve pessimiste, mais elle a raison : encore une demi-heure plus tard, un serveur arrive tenant un grand plateau avec le repas complet. Même le brick qui est d'ordinaire servi très chaud est à peine tiède et le reste est froid. Dommage, car les produits étaient bons, accompagnés d'un rosé bien frais.

Lundi 11 mai

Journée farniente sous les palmiers où nous sommes seuls. Les sanitaires sont très propres, et les douches bien chaudes. Vers 17 heures nous nous préparons à marcher dans la palmeraie, mais comme un taxi attend devant le « resto parc de loisirs », nous décidons d'aller plutôt au centre-ville. Là, rien de bien dépaysant, une ville moderne avec supermarchés, banques, restaurants… Nous allons consulter les quelques messages reçus par Internet mais comme la connexion est lente et s'interrompt souvent, on s'en tient là et on rentre au camping. Voulant manger un brick chaud, nous nous installons à une table du restaurant. Trois quarts d'heure après notre commande, toujours rien… On commence à s'impatienter et vingt minutes plus tard arrivent nos deux bricks à peine tièdes ! Je les refuse, disant au garçon que nous voulons des bricks chauds. Il repart et aussitôt le parton arrive :

  • Qu'est ce qu'il y a avec le brick ?

  • Il est froid et on le veut chaud. »

Il en touche le centre du doigt : « Mais c'est chaud ! »

Je touche les bords : - « Mais là, c'est froid 

- Non c'est chaud normalement, touche… ».

S'ensuit un dialogue de sourds entêtés, c'est chaud, froid, puis en arabe « Bèrd » et Sruna »

Rien n'évolue. Le patron s'adresse à un client passant par là pour qu'il vienne arbitrer, mais celui-ci diplomate ou Normand répond avec l'inflexion qui convient : « C'est un peu chaud M'sieur mais pas beaucoup. »

On décide, un peu énervés, d'aller manger une bonne omelette bien chaude au frais devant le ccar.

Excellent repas sous un ciel étoilé au meilleur moment de la journée, 22 heures lorsque la fraîcheur est revenue.

Nuit on ne peut plus calme, pas d'aboiement de chien, aucun passage de véhicule.

Mardi 12 mai : Gafsa-Metlaoui.

Dès dix heures il fait déjà 27 degrés dans le ccar. Je vais payer nos deux nuitées, le patron aimable comme si rien ne s'était passé. Je le félicite pour la tenue ere quit la propreté de son camping, je le mentionnerai sur Internet. Il est très flatté et me donne quelques cartes à distribuer… Du restaurant, il n'est point question. Nous nous quittons après les salamalecs d'usage et nous partons pour une courte étape. Environ une heure nous sépare de Metlaoui capitale minière de la Tunisie où on exploite le minerai de phosphates depuis plus d'un siècle. C'est une ville banale qui ne brille pas par la qualité de ses restaurants. Le seul correct cité par le Routard offre une cuisine grasse et quelconque pour un prix modique il est vrai.



Le seul intérêt, très prisé est « Le lézard rouge », un train touristique qui parcourt les gorges de Selja sans autre moyen d'accès. Nous réservons nos billets pour le lendemain 10h30 ; le préposé nous conseille d'arriver environ une heure avant. On parque le ccar sur la place de la gare, sous un arbre qui nous tient dans une relative fraîcheur. Quelques minutes plus tard arrive un policier (le poste se trouve face à la gare). Nous lui demandons si nous pouvons stationner là pendant la nuit. Pas de problème, vous êtes les bienvenus, sous notre protection ; je vous envoie un gardien (civil) qui assurera votre tranquillité. Arrive ensuite le chef de gare qui nous assure la protection des cheminots car la gare reste ouverte toute la nuit. Que demander de mieux !

Nous installons table et chaises sur une surface dallée à l'ombre des arbres, avec la bénédiction des autorités. Repas de crudités puis thé menthe au café voisin et nous attendons la tombée de la nuit pour aller au restaurant. Nous sommes interpellés par un passant qui veut savoir si le ccar est le nôtre car il est garé près de sa petite boutique qu'il ouvre à chaque arrêt de train. Nous demandons confirmation à un policier et à un cheminot qui nous assurent que nous ne gênons personne. Comme nous repartons, le commerçant nous supplie « les autres ne voient que leur intérêt et moi je ne compte pas ; vous allez me faire perdre des clients ; j'ai ma mère, ma femme et trois enfants à nourrir. » Mi-sceptique, mi-compatissant, je déplace le ccar de l'autre côté du parking. Effectivement, le lendemain nous le comprendrons. Il nous remerciera avec des chewing-gums et de l'eau fraîche. A sa demande, on lui donne une bière et un peu de whisky, pas assez à son gré. Il me propose une cigarette que je refuse. « C'est bien, dit-il, tu ne fumes pas, moi, je fume et je bois de l'alcool.

Mercredi 13 mai.

Metlaoui-Midès Tamerza.

La nuit n'a pas été reposante. Les trains tractés par de grosses locomotives Diesel font des arrêts bruyants qui nous réveillent. Heureusement, il n'y en a que 3 ou 4.

Après le petit déj. Vers 9 heures ¼ je vais chercher les billets (20 Dh par personne, cher) et je m'aperçois que 2 voitures du « Lézard rouge » sont déjà pleines. J'ai juste le temps de prendre mon appareil-photos et une casquette pour aller garder les places qu'arrivent sur le parking un bus et cinq ou six 4X4 de touristes. J'ai juste le temps de réserver une banquette que surgit un groupe de moscovites suivi de peu par une quinzaine d'apprentis de la région parisienne accompagnés de leurs profs. Lorsque Gaby me rejoint le train doit être complet ! En patientant, nous pouvons marcher sur le quai à tour de rôles, (moi surtout.)

A 10h30 pile, le train démarre. Il a été offert par la France au Bey de Tunis sous le protectorat et a été parfaitement restauré. Chaque voiture a son style, en bois avec sièges soit en cuir (ou simili ?) soit en lattes de bois, le plafond et les parois étant vernis et décorés de motifs variés.

Peu après le départ, alors que nous sommes encore dans la plaine où on distingue de vieilles installations minières, les Russes se mettent à entonner des chants traditionnels. C'est plutôt surprenant et agréable. Entre deux chants, les jeunes Français réunis en bout de wagon se mettent à entonner « La Marseillaise » et se paient un franc succès. Les Moscovites enchaînent par « Le temps du muguet, kalinka etc. » et nos jeunes Français restent muets, ayant apparemment épuisé leur répertoire.

Dès que nous pénétrons dans les gorges, on n'entend plus que le crépitement des appareils photos devant le paysage de Western. Mais vite, les Français se mettent à draguer les minettes russes ; par gestes et quelques mots d'anglais, le courant passe. L'une de ces dernières, à la tenue provocante, petite robe rouge au ras des fesses, grande chevelure blonde attire tous les regards. Les jeunes apprentis ne tardent pas à la surnommer « Barbie ». Le spectacle est autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Après deux ou trois tunnels, deux arrêts-photos où tout le monde descend sur la voie, c'est le dernier ¼ d'heure arrêt-photos du paysage grandiose et de la « Barbie russe ».

On repart en marche inverse (il y a une loco à chaque extrémité) et pendant tout le retour, les russes chantent un répertoire qui semble inépuisable.

A la gare de Metlaoui, les touristes regagnent leurs véhicules respectifs après un bref passage à la boutique de notre commerçant. Le parking redevient vide à l'exception de notre ccar et du 4X4 aménagé d'un couple italien. Après avoir rétribué de 5 dinars notre gardien consciencieux, nous prenons la route des oasis de montagne Le revêtement n'est pas mauvais, et la chaussée assez large pour se croiser sans risques suit sur plusieurs kilomètres un long tapis roulant aux bords relevés qui achemine le minerai brut d'une mine vers la gare de Metlaoui. Je photographie un tronçon du tapis et essaie d'en attraper quelques morceaux, mais le débit est si rapide que je parviens seulement à me faire mal aux mains. Le minerai de phosphate qui fait la richesse industrielle de la région depuis plus d'un siècle chemine par train de Metlaoui à Gabès où il est lavé et expédié pour être traité en France.

13-14 mai Midès, Tamerza, Chebika, oasis de montagne.

Ces trois oasis proches de la frontière algérienne présentent une même particularité : le vieux village abandonné aux maisons traditionnelles de pierres sèches, surmontées de feuilles de palmiers recouvertes de terre et de chaux. Très efficaces pour se protéger des grandes chaleurs, elles n'ont pas résisté aux pluies diluviennes de 1969 incessantes pendant plus de 15 jours. (Nous avons vécu cette période à Kairouan où nous avons été isolés si longtemps qu'il a fallu ravitailler la ville par hélicoptère.)

Les villages des oasis étant partiellement détruits et les maisons habitables menaçant de s'effondrer, un nouveau village, en matériaux modernes a été construit à l'écart. Les ruines des habitats désertés sont situées sur une crête rocheuse protégée de tous côtés par de profonds oueds.

Midés, très caractéristique surplombe des gorges qui atteignent 100 mètres de profondeur et que les guides locaux appellent modestement « Le Colorado ». Accompagnés d'un guide nous surplombons d'abord le site puis descendons dans le lit de l'oued presque à sec. Promenade d'une heure environ, d'un pas tranquille. Au bas du village autour du seul parking accessible, fleurissent les magasins de souvenirs, fossiles et minéraux surtout qui abondent dans la région. Je me laisse prendre au jeu du marchandage et nous achetons pour 40 Dt quelques belles géodes dont certaines contiennent du mica irisé.

Nous passons Tamerza, pensant dormir dans un camping à Chebika proche de quelques kilomètres. Mais point de camping contrairement à ce que semble affirmer le Routard. De retour vers Tamerza nos penons en stop un habitant de Midès qui nous conseille de passer la nuit soit devant le poste de police, soit près de l'hôtel situé dans la palmeraie, soit au camping qui est situé au bout d'une mauvaise route de pavés et de pierre. Nous optons pour le calme de l'oasis devant lequel se trouve un grand parking inoccupé. Aussitôt installés, nous voyons arriver un jeune « guide » qui nous propose de parcourir le fond de l'oued encadré de hautes parois, « mieux que Midés parce qu'ici le cours d'eau est très étroit et sinueux. » Nous acceptons et ne le regrettons pas malgré certains passages difficiles à franchir, car nous faisons de belles photos avec cet éclairage de fin de journée.

Au retour, notre guide nous propose de nous emmener demain en camping-car et à pied pour une balade dans des paysage magnifiques que les touristes pressés ne voient jamais. Balade qui se termine près de la route Rommel. Je me montre intéressé mais impossible de négocier le tarif, on discutera demain après avoir consulté la carte.

Ensuite, nous mangeons dans un bon restaurant : brick très chaud, couscous à volonté et deux desserts (fruits et pâtisserie). Le tout pour 30 Dh avec une bouteille d'eau et notre discrète bouteille de rosé.

La nuit est très calme et le lendemain, notre guide nous attend vers 9 heures. J'ai déjà décidé que nous accepterions de payer 30 Dt pour les trois heures de balades cumulées, 1h hier et 2 aujourd'hui, car les guides demandent habituellement 15 Dh de l'heure et ne négocient plus en dessous de 10.

Nous regardons la carte et établissons l'itinéraire. Je demande son prix. Il hésite puis lance « D'habitude, pour cette promenade extraordinaire, je demande 80 euros, mais pour toi ce sera 50. Je fais semblant de m'étrangler. Il demande « - Combien tu proposes ? 

  • 30 dinars, soit environ 17 euros.

  • Tu n'es pas sérieux mon ami ! Allez mon dernier prix : 60 dinars. »

Je mets la main à la poche et lui donne 10 Dt pour la promenade d'hier puis je m'apprête à monter dans le ccar.

Il me rattrape en criant : « - Arrête, on n'a pas fini de discuter, mon ami 

  • Si, ton dernier prix c'est 60 et moi c'est la moitié. »

Je pars. Il se rapproche et finit par accepter 30 Dh pour hier et aujourd'hui. Je fais bêtement mine de faire la tête pour avoir si longtemps discuté mais il me persuade. Quel cinéma ! Mais ça ne me déplait pas.

La promenade durera en effet près de deux heures, en grande partie sur une très mauvais route de montagne pourtant goudronnée deux ans plus tôt mais défoncés par les engins qui transportent le minerai. Nous prenons des photos, malheureusement sous un ciel couvert et rentrons par le même chemin, satisfaits de donner 20 Dt supplémentaires à notre guide pour nous avoir emmené en ces endroits que nous n'aurions pas osé approcher seuls.

Nous quittons Tamerza et parcourons les 60 km qui nous séparent de Tozeur d'abord par une belle route sinueuse de montagne, puis dans la plaine où de grands panneaux annoncent  « Attention aux dromadaires » car on roulerait facilement à plus de 90 sur la route rectiligne bordée d'un désert caillouteux.

On arrive assez tôt à Tozeur et on trouve facilement le camping « beau rivage » sur la route de Nefta. Sous les palmiers et la douceur nocturne, nous apprécions le repas près du ccar.

15-16 mai Tozeur Nefta.

Dans le camping, sous les palmiers, nous paressons une bonne partie de la journée puis faisons quelques courses. La veille, nous avions accepté la proposition de visiter la palmeraie en calèche. A 16 heures pile, notre guide nous attend à l'entrée du camping ; son beau cheval est attelé à une charrette équipée de bancs sommaires et d'une suspension poussive. Au bout d'un quart d'heure, ayant mal au dos et redoutant le pire, je lui demande d'arrêter, nous descendons et lui donnons 10 Dh, la moitié de la course prévue.

Nous poursuivons à pied dans la palmeraie jusqu'à une sorte de parc où se trouvent des sculptures d'immenses instruments de musique (tambours, luth, violoncelle) et surplombé de rochers dans lesquels sont sculptées d'immenses têtes. Près de là s'étend un grand golf désert, dont la piètre pelouse est arrosée en permanence par goutte-à-goutte. Le spectacle est assez pitoyable surtout lorsqu'on voit la palmeraie dont l'irrigation est très chiche. On nous confirmera que durant les trente dernières années, l'extension anarchique du tourisme, les hôtels de luxe avec piscine ont largement surexploité les ressources en eau et que la palmeraie, bien que toujours vivante avec ses trois étages de cultures, est mal en point. Nous retournons en ville pour prendre un taxi qui nous emmène visiter une briqueterie, quelques km à la périphérie. Visiter est un bien grand mot car on reste à peine 5 minutes pour voir le vieux four, les briques et poteries exposées au soleil, d'une couleur jaune-ocre originale qu'on retrouve dans l'architecture de la ville.


Heureusement qu'il y a le camping sous les palmiers et son sympathique gardien qui m'a offert un thé la veille, car la visite du centre-ville au souks touristiques, le défilé des 4X4 et des quads qui partent s'amuser sur les dunes, tout cela nous laisse nostalgiques. Pendant notre visite des souks et une partie de la nuit, il est tombé une pluie fine et intermittente qui n'a guère dû arroser la végétation.

16 mai en fin de matinée après le plein d'eau, nous prenons la route de Nefta où nous cherchons le petit paradis de « la corbeille ». Incapables de trouver seuls, nous faisons monter à bord du ccar un guide qui nous propose une visite complète incluant promenade dans la palmeraie et dans la médina. Il nous emmène d'abord sur un belvédère d'où on découvre « la corbeille ». Totale déconvenue : là où jaillissaient des dizaines de sources, tout est tari. On s'y promenait à dos d'âne dans le lit d'innombrables ruisseaux, personne ne vient plus cheminer sur les sentiers arides. Il a fallu creuser des puits profonds pour continuer à irriguer les parcelles. Peut-être les visiteurs qui n'ont pas connu l'ancienne luxuriance admirent-ils cette palmeraie nichée au fond d'une grande cuvette ?


La suite de la visite est plus réconfortante : la fraîche oasis où on déguste un succulent jus de palme et où on goûte l'une des 200 et quelques variétés de dattes, la meilleure : des « Deglet nour ». La médina presque déserte aux fraîches ruelles ombragées vaut largement le détour.

Nous retournons en début d'après-midi nous installer à l'ombre sur un large trottoir de Tozeur pour manger des crudités et des fruits.

Après la grande chaleur, vers 18h30, nous nous engageons sur le « Chott El Djerid », vaste lac salé, maintenant traversé par une excellente route à 2 voies, large et rectiligne où on stabilise notre vitesse à 90 presque tout au long. En cette période, le lac est totalement sec et des étendues salées alternent avec d'immenses plages de sable. Nous continuons vers Douz, mais le temps de trouver le camping, il fait déjà nuit. On s'installe là où nous pensons être à l'ombre le matin et comme le resto est fermé, on mange dans le ccar. Douz est une belle oasis aux portes des dunes et son camping est agréable, les sanitaires très propres et en bon état.

16-17 mai : Douz - Matmata- Tozeur.

Nous quittons Douz en fin de matinée et quelques km avant Matmata apparaissent des groupes d'habitation troglodytiques dont les ouvertures dans la roche sont encadrées de larges bandes de peinture blanche. Un arrêt photos puis nous arrivons à Matmata d'où on découvre la montagne environnante depuis un belvédère ; un marchand insiste en vain pour qu'on lui achète une peau de mouton. Nous nous dirigeons vers le fameux hôtel troglodyte et après avoir demandé plusieurs fois notre chemin, nous arrivons sur une place immanquable avec ses stands de souvenirs, minéraux et roses des sables en abondance. L'hôtel se visite gratuitement. On y descend par un escalier taillé dans le sol et on se trouve au fond d'une cavité circulaire d'une dizaine de mètres de circonférence et de 6 à 7 mètres de profondeur. De là, on rayonne dans des tunnels qui s'ouvrent sur des chambres au confort rustique, réparties sur deux niveaux. Il y a 40 ans, pour accéder aux chambres de l'étage supérieur, il fallait se hisser à l'aide de cordes à nœuds. Aujourd'hui des escaliers ont été taillés dans la roche. Certaines galeries débouchent sur d'autres cavités semblables à la première, de moins grande circonférence, d'où on accède à des chambres, des sanitaires, un bar… Cet univers souterrain, qui s'est apparemment étendu, servait jadis de greniers (Ghorfas) où les tribus nomades entassaient leurs richesses avant de reprendre leurs pérégrinations.

Nous arrivons au camping de Gabès vers 15h après l'avoir longtemps cherché dans un quartier où, ce jour-là, dimanche, se tient le grand souk hebdomadaire. Circulation périlleuse au milieu des piétons, charrettes, vélos, cyclomoteurs qui en font leur domaine réservé. Par chance, je ne renverse personne et ne fais que frôler de près quelques charrettes.

Après le repas je me sens fatigué et dors jusqu'au soir, souffrant soit de problèmes digestifs, soit de déshydratation, ou les deux. Gaby voudrait aller au resto mais je ne me sens pas en appétit de déguster du poisson. Nous allons au centre ville en taxi et nous connectons à internet : une heure de navigation rapide qui nous permet de répondre à notre courrier et d'envoyer le précédent récit puis repas sous les palmiers et le ciel étoilé du camping aux installations « sanitaires » inutilisables.


Lundi 18 mai : Gabès.

Dans le camping où nous sommes seuls, il est facile de trouver de l'ombre à toute heure du jour. En fin de matinée, nous prenons un taxi pour visiter la palmeraie à partir de Chenini, là où un long oued étroit et profond d'un mètre environ abondait en grenouilles et surtout en tortues qu'on parvenait parfois à attraper. Nous découvrons un tout autre univers. Un mince filet d'eau ruisselle au début puis plus rien. En continuant à longer son cours asséché, on arrive à un ensemble de bâtiments solidement construits mais en ruines, puis une bâtisse plus grande près des restes d'une piscine. Un gardien nous confirme qu'il s'agit d'un ancien hôtel à l'abandon qui, certes était à l'origine dans un lieu paradisiaque, mais n'a pas survécu longtemps à la sécheresse. Malheureusement le gardien des ruines ne parle qu'arabe et notre conversation reste très limitée. A ma question sur l'eau, il me confirme qu'avant, il y en avait en quantité dans l'oued. Est-ce là aussi l'effet de l'exploitation inconsidérée ou d'une longue période de sécheresse ? On cherchera à savoir…

Après une nouvelle connexion à Internet, nous rentrons manger et faire une longue sieste assise jusqu'à l'arrivée de la fraîcheur. Nous avons décidé d'aller le soir au restaurant « L'Oasis », vanté par le routard pour la qualité de ses poissons. Nous marchons une bonne demi-heure en ville puis hélons plusieurs taxis : aucun d'eux ne connaît ce restaurant. Il faudra arriver à la gare routière où stationne une longue file de taxis pour qu'après conciliabule entre chauffeurs, l'un d'eux, Eureka, se décide à nous emmener. Il est encore un peu tôt et nous passons une bonne demi-heure dans le parc du « jardin de la liberté » où les Gabesiens viennent se reposer en buvant un thé, en fumant la chicha ou déambulent en famille. Le lieu est vaste et très ombragé, un grand bassin avec des fontaines occupe la partie centrale. La douce musique orientale diffusée par le bar en fait un endroit reposant.

Au restaurant, au style européen, très soigné, notre table sera la seule occupée. Nous dégustons brick à l'œuf et aux crevettes, crevettes poêlées à l'ail puis grillées, excellent. Malheureusement on ne sert plus de vin.

Il fait nuit depuis longtemps lorsque nous revenons au camping où nous passons une bonne demi-heure dehors, au frais.

19 mai

Départ de Gabes vers 10 heures en direction du grand sud : les ksour de Chenini, Guermessa, arrêt prévu à Tataouine (de sinistre réputation : c'était un centre disciplinaire des bat' d'Af' d'où ne ressortaient vivants que les plus résistants) Tant qu'on longe la mer, la chaleur est supportable, mais plus on s'en éloigne et plus on se dirige vers le sud, l'air devient chaud, très chaud.

Nous prenons alors une sage décision, bifurquer vers l'est en direction de Djerba. Tataouine et les ksour, ce sera pour une prochaine fois, au plus tard en avril.

A Djorf où un bac traverse le bras de mer en 1 quart d'heure, une longue file d'attente s'est formée. Mais les rotations sont rapides et le ccar est embarqué une heure après. (3 Dt, soit moins de 2 euros pour le ccar et ses occupants). Chacun des quatre navires qui assurent le passage embarque une vingtaine de véhicules. On débarque à Ajim, à une demi-heure de route de Houmt-Souk, la ville principale de l'île. Là, on cherche un endroit pour déjeuner qu'on trouve, à l'ombre des eucalyptus, face à une plage peu engageante, juste à la sortie de la ville en empruntant le début de la route touristique. C'est là que nous viendrons manger et faire une longue sieste pendant tout notre séjour sur l'île. Dans la soirée, on trouve un bon emplacement au bord de la route qui conduit au port. Ce sera notre résidence de nuit.

En se promenant sur le quai où sont alignés une quinzaine de grands voiliers, répliques approximatives de navires pirates, on est interpellé par un membre d'équipage qui propose une journée en mer avec escale sur l'île des flamands roses, repas du midi, animation, pêche au filet… On négocie le prix à 35 Dt pour deux, soit environ 20 euros. Départ le lendemain à 9 heures, retour vers 15 heures.

20-22 mai Djerba.

De nombreux cars de touristes envahissent le quai bien avant 9 heures et les bateaux se remplissent, 10 en tout, chacun d'eux ayant une capacité d'accueil de 150 personnes environ.

Vers 9 heures trente, l'armada s'ébranle au son d'une musique tonitruante car les navires sont équipés d'une très puissante sono. Après les pirouettes des matelots dans les cordages, c'est rapidement l'animation style Club Med'. L'équipage fait danser, chanter, tournoyer les jeunes beautés qui se prêtent volontiers au jeu. Une grande majorité de Français mais aussi un groupe de Russes jeunes et dynamiques pour la plupart. La Tunisie est le premier pays où on croise tant de touristes russes. Une heure de navigation pendant laquelle on pose un misérable filet et où la jeunesse s'amuse.

L'île des flamants où les bateaux ont leurs appontements est assez vaste heureusement pour ces 1500 touristes qui pendant une heure vont profiter de la plage, d'une eau à près de 30° pendant que les marins préparent les repas qui seront présentés sous des paillotes rustiques mais agréables. Chaque navire dispose de sa paillotte et elles sont éloignées de quelques centaines de mètres entre elles, si bien qu'on n'a pas l'impression de se trouver dans une grande foule. A midi pile, le buffet présente ses bricks, son couscous et ses poissons grillés à volonté. Courte cérémonie de musique folklorique… Repas suivis de sketches au cours desquels les membres d'équipage présentent une charge des touristes italiens, allemands et français clients d'un 5 étoiles tunisien. Les clichés attachés aux divers comportements nous font bien rire, les acteurs ne lésinant pas sur la critique… à partir d'une observation expérimentée.


Au retour, on relève le filet et « comme d'habitude », rien sinon trois poissons et un poulpe.

Les jours suivants nous irons souvent au centre ville en taxi (1Dh soit moins de 0,60 euros) dès que la fraîcheur commence à se faire sentir (18-19h) On aime bien ce centre ville avec son souk, ses bars, ses restos – repas fruits de mer moyen – jus d'orange et de fraise succulents.

La dernière nuit, nous la passons sur le parking privé de la marina. Le chef du poste de police voisin est venu nous dire que nous n'étions pas sur un parking (en fait, nous devions gêner le restaurant chic situé en face). Lorsque nous disons au gardien de la marina que nous venons avec l'accord de la police, il nous accepte volontiers « sous sa protection ».

En me promenant sur le port, j'entends une immense ovation provenant d'un bistrot voisin. Je m'approche et à voir la foule amassée j'imagine que la Tunisie vient de marquer contre le Maroc en finale du championnat des pays arabes. J'apprends par des jeunes massés à l'entrée que les Tunisois viennent d'obtenir un Pénalty qu'un joueur brésilien de l'équipe marque. Un des jeunes me dit que je ressemble à Robinson. « Oui, c'est mon frère ! » Ils m'invitent à boire une bière pour fêter la victoire, mais je n'ai pas encore mangé et je n'apprécie pas beaucoup la Celtia, unique bière tunisienne.

Après une nuit assez calme malgré les klaxons saluant la victoire, nous quittons Houmt Souk pour Guellala, village de potiers où nous passons un long et bon moment avec un vendeur et son patron qui plaisante « C'est gratuit jusqu'à la caisse et garanti jusqu'à la sortie. » Les achats terminés, on me demande de signer le livre d'or que même Bernadette C. a paraphé !!! Quel honneur !

Nous reprenons le bac à Ajim, sans une minute d'attente cette fois, et après une vidange de cassette et le plein d'eau dans une station service nous faisons route vers le camping de Gabès que nous trouvons facilement cette fois. Repos… puis demain ? Inch'Allah, une autre île ?


23 mai

Nous sommes aux îles Kerkennah après une heure de traversée depuis Sfax. Avant il a fallu parcourir les 130 km de route encombrée de Gabes à Sfax, puis trouver l'embarcadère qui n'est indiqué nulle part, à croire que pour se rendre aux îles, il faut déjà en connaître l'accès. Sinon, comme nous, il faut se renseigner à diverses reprises. Enfin sur les lieux, nous nous rangeons dans la file des camions et devons attendre 1h et demie le prochain départ. C'est juste pour nous le moment de déjeuner et de boire un thé à la menthe. A peine le thé rapporté au ccar, la file des camions s'avance et déjà on me klaxonne pour mon léger retard. La montée des véhicules en marche arrière est assez délicate mais se passe bien. Au débarquement, il faut rejoindre son véhicule bien avant l'arrivée car la foule des piétons se précipite, se bouscule et bloque les accès au pont des voitures. Là encore, je suis en retard, mais heureusement une voiture sans chauffeur bloque la sortie devant moi et c'est le retardataire qui déclenche un long concert de klaxon.


L'archipel des Kerkennah se compose de deux îles principales reliées par une chaussée légèrement surélevée. C'est un long ruban d'une trentaine de km orienté sud ouest – nord est, large par endroits de quelques dizaines de mètres et au maximum de 4 à 5 km. Arrivés vers 17 heures, nous avons le temps d'en parcourir toute la longueur à la recherche d'un endroit pour dormir, face à la mer. C'est tout au nord, près du port de pêche d'El Attaya qu'on trouve un renfoncement qui nous convient. Plage propre, quelques felouques ancrées près du bord, un paysage calme et reposant… Mais c'est sans compter la présence toute proche d'un pêcheur qui décape son bateau à l'aide d'une ponceuse électrique et qui envoie la poussière de peinture de notre côté. On patiente, il va sûrement s'arrêter bientôt. Une vielle femme nettoie des peaux de mouton à l'eau de mer puis les remonte près de nous. Elle fait une petite pause et je lui propose un fauteuil de camping qu'elle accepte volontiers. Nous essayons d'engager la conversation lorsque sa fille arrive qui parle un peu l'anglais. Elle me dit que son père se trouve sur le bateau qui s'approche et mouille à quelques centaines de mètres au large puis revient à la plage en ramant sur une petite annexe. La jeune fille me demande si j'aime le poisson. Je réponds affirmativement dans l'espoir que son père me vende une partie de sa pêche, mais les deux femmes rentrent chez elles et le père qui a accosté assez loin de nous prend le même chemin. Raté pour cette fois !

Pendant ce temps, le ponceur fait une pause cigarette et thé. Comme nous nous saluons il me propose un thé noir brûlant qu'il me conseille de boire lentement, « bechouaïa ». Puis il reprend son travail qui nous envoie une fine poussière dans les narines et recouvre le sable de particules rouges sur plusieurs mètres. Gaby ressent une gêne respiratoire, ce ne sera donc pas l'endroit où nous passerons la nuit. Il reste à peine plus d'une demi-heure de jour et nous décidons de regagner le camping de l'hôtel Kastil dont le Routard dit le plus grand bien. Effectivement, nous sommes bien reçus, disposons des installations sanitaires de l'hôtel, d'un branchement électrique et même d'une connexion Wi-Fi pour 15 Dt la nuit. Le ccar est installé à 5 mètres d'une belle plage de sable avec pleine vue sur mer. L'eau avoisine les 30°, un magnifique coucher de soleil accueille notre arrivée dans ce petit paradis où nous n'avons aperçu aucun touriste.

Ce soir, faute de poisson, ce sera gigot-flageolets, coucher vers 23 heures et musique forte jusqu'à 3 heures du matin pour des clients tunisiens qualifiés le lendemain de « picoleurs » par le patron de l'hôtel.


24-27 mai : Kerkennah.

Les îles Kerkennah, c'est l'anti Djerba. Ici, pas de grands hôtels le long des plages de sable fin, pas de 4x4, pas de quads, pas de bus climatisés, pas de souks racoleurs, pas de tourisme sexuel, peu de touristes et pas les mêmes… On ne vient pas ici pour s'éclater en boîte, pour se faire photographier à dos de chameau, ni profiter de l'animation dirada. Pas de villes, mais de beaux petits villages avec leur port de pêche et parfois une courte bande de sable qui peut servir de plage. Les habitants sont accueillants sans ostentation. On prend en stop une vieille femme qui se rend au village voisin, on fait ses courses chez l'épicier et le poissonnier comme tout un chacun, on boit le thé avec un pêcheur… Rien de touristique, rien à « faire ».

On passe quatre journées à manger des légumes frais, de la dorade grillée au feu de bois, du rouget, de la sole et du poulpe servis au resto du camping, on se repose à l'ombre, on se baigne deux fois par jour, de préférence à marée haute pour avoir suffisamment d'eau pour nager car la pente est si douce qu'il faut s'éloigner d'environ un kilomètre à marée basse pour commencer à perdre pied. Le niveau varie de presque un mètre et il serait difficile de se noyer.

On laisse le temps s'écouler tranquillement, chaud le matin, très chaud en début d'après-midi, frais en soirée. Toujours à 30° environ, la mer permet au choix de se rafraîchir ou de se réchauffer.

Mercredi 27

Nous quittons à regret Kerkennah .

Au port, aucune attente pour embarquer et rejoindre le continent. De Sfax, nous roulons vers Sousse, route très fréquentée, peu rapide. Nous nous arrêtons dans un village en début d'après-midi, pour manger. En face, se trouve une boutique de boucher qui arbore en façade un mouton entier égorgé en guise d'enseigne. Le propriétaire tient aussi un petit bar où nous commandons deux thés-menthe.

  • Il n'y a pas de menthe.

  • Bon, alors deux thés.

Une dame s'avance vers nous et nous demande de patienter cinq minutes au bout desquelles elle nous apporte deux succulents thés… à la menthe. Entre-temps, elle s'est débrouillée pour nous satisfaire. Lorsque je demande l'addition, elle insiste pour que ce soit gratuit ! Je lui donne 2 dinars « pour les enfants » afin qu'elle accepte.

Après un bref arrêt photos à El Djem où l'accès au théâtre est devenu payant, nous cherchons vainement la Sebkha Sidi El Hani qu'un résident français nous avait recommandé d'aller voir. Il s'agit d'un lac salé où les habitants viennent gratter la croûte pour s'approvisionner. Mais nous nous égarons sur des routes difficilement praticables et il est trop tard pour aller jusqu'à Sousse.

A Mahdia, nous passons la nuit, calme, face à la plage où les promeneurs sont nombreux en soirée.




14/01/2010
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